À L’Île-d’Olonne, les vieux métiers font vibrer la mémoire collective


À L’Île-d’Olonne, les vieux métiers font vibrer la mémoire collective

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Article N°28810

À L’Île-d’Olonne, les vieux métiers font vibrer la mémoire collective

L’Île-d’Olonne, 20 juillet 2025 — Ce dimanche, sous un ciel d’abord radieux puis capricieux, le charmant bourg de L’Île-d’Olonne a accueilli la 43ᵉ édition de sa désormais célèbre Fête des Vieux Métiers. Entre éclaircies matinales et averses passagères en fin d’après-midi, l’événement n’a rien perdu de son éclat, porté par l’enthousiasme de ses exposants, la ferveur des bénévoles et la curiosité des visiteurs.

Le matin, une météo idéale pour un voyage dans le temps

Dès 10 heures, sous un soleil généreux, les ruelles se sont peu à peu emplies d’une foule heureuse de déambuler parmi plus de 80 exposants. Le public a pu découvrir une large palette de métiers oubliés : sabotiers, vanniers, forgerons, couteliers ou encore lavandières. Les gestes précis, les outils d’autrefois et les récits passionnés ont captivé petits et grands. « Le soleil nous a souri ce matin, et les visiteurs étaient au rendez-vous », confie un artisan menuisier, occupé à modeler un morceau de bois sous les regards émerveillés.
 

 

Ambiance costumée et musiques d’ici et d’ailleurs

Costumés, les bénévoles ont animé les rues avec générosité, recréant un décor vivant digne des années 1900. Plusieurs formations musicales ont enchaîné les performances : Bagad Kadoudal et ses sonorités bretonnes, Les Joyeux Vendéens en habits folkloriques, Music & Show N.D.P association vendéenne de l’île d’Olonne, ou encore Beleza Forte, groupe de percussions brésiliennes, ont offert un contraste joyeux entre tradition et exotisme. Les déambulations musicales ont été l’un des temps forts de la matinée, saluées par une foule chaleureuse et enthousiaste !



Après-midi humide, mais ambiance préservée

Vers 14 h, des nuages menaçants ont fait leur apparition, et plusieurs averses sont venues rafraîchir l’atmosphère. Si certains stands en extérieur ont été brièvement protégés, l’ambiance est restée bon enfant. Le public, muni de parapluies ou à l’abri sous les chapiteaux, est resté nombreux à profiter des animations. « On ne va pas laisser trois gouttes d’eau gâcher un siècle de traditions », sourit une bénévole.


Transmission et patrimoine en action

L’ASMG (l'Association Syndicale des Marais de la Gachère), acteur incontournable de la préservation des marais du Pays d'Olonne, a attiré de nombreux curieux avec sa maquette pédagogique. Elle expliquait le fonctionnement complexe du système hydraulique local. À déguster sur leur stand : La Baillotte, boisson traditionnelle à base de plantes (fenouil, salicrone de l'Île d'Olonne) et de vin blanc, appréciée même sous la pluie. Des quiz et une tombola sont proposés aux visiteurs du stand de l'ASMG avec des lots offerts par les sauniers et La Saline. « La météo change, mais notre message reste : préserver le vivant, comprendre notre environnement et veillez au respect de l'usage de nos marais », rappelle un membre de l’association.


À l’encre rouge, les mots du passé reprennent vie

Sur mon chemin, je m’arrête devant un imprimeur d’autrefois. Il aligne ses lettres de plomb, fait tourner une presse centenaire hériter de son père, et fait danser sous mes yeux des mots rouges, encrés avec soin. Une ode à l’art typographique, patiemment ressuscité.
 

Le ballet des sabots : trois à la fois, taillés dans la tradition 

Non loin de là, un artisan sabotier attire les regards. Sa machine vrombit doucement, sculptant simultanément trois sabots en bois dans un ballet parfaitement synchronisé. Les copeaux volent, l’odeur du bois fraîchement taillé emplit l’air, et les visiteurs observent avec fascination cette prouesse mécanique d’un autre temps. « C’est une machine datant des années 1950 », explique-t-il, les mains pleines de copeaux, les yeux brillants de passion.


Les sauniers, gardiens de l’or blanc local

Parmi les stands emblématiques de cette édition, celui des sauniers de L’Île-d’Olonne a attiré une foule de curieux. Installés sur la place du café, ces artisans des marais ont dévoilé leur savoir-faire ancestral autour du sel marin. « Ici, on ne parle pas seulement de sel, mais d’un équilibre entre l’homme, l’eau et le vent » confie l'un des sauniers.
 

Les saveurs locales en bouteille

Installé à l’Île-d’Olonne, le liqueuriste local Mes Vignerons à Ma Maison a captivé les visiteurs avec sa toute nouvelle gamme de bouteilles artisanales. Alliant savoir-faire traditionnel et créativité, Francis, propose des recettes uniques qui mettent en valeur les richesses du terroir : fruits du verger, herbes sauvages et autres essences locales se retrouvent distillés dans des bouteilles aux étiquettes élégantes.

Les dégustations ont permis aux curieux de découvrir des arômes subtils et authentiques, rappelant la nature généreuse des marais et des paysages vendéens. Francis, passionné et engagé, insiste sur la volonté de préserver un patrimoine gustatif tout en innovant pour séduire une clientèle moderne. « C’est un vrai plaisir de partager ces saveurs qui racontent une histoire locale, loin des productions industrielles », explique-t-il.

 

La Grande Salorge et ses trésors d’autrefois

Au cœur de la fête, la Grande Salorge est devenue un véritable écrin de mémoire. Christian, passionné du patrimoine local, y expose une riche collection d’objets d’autrefois, témoins du quotidien des habitants de L’Île-d’Olonne. Il partage avec chaleur ses connaissances, émaillées de mots en patois islais, langue régionale encore bien vivante chez certains habitants. Son récit plonge les visiteurs dans une époque où chaque objet portait une histoire.

À quelques pas, un atelier d’écriture à la plume et à l’encrier, comme à l’école d’antan, invite les plus jeunes à découvrir la patience et la précision requises par ce geste désormais rare. Les plus habiles peuvent même s’essayer à calligraphier leur prénom, sous les conseils avisés des animateurs.

Le travail de la dentelle, autre savoir-faire traditionnel, est également à l’honneur, avec des démonstrations réalisées par des artisanes passionnées. Le fil délicat et la patience infinie déployés fascinent autant qu’ils impressionnent.

Enfin, l’Association de Sauvegarde des Moulins de la région est présente pour sensibiliser à la préservation de ce patrimoine hydraulique et mécanique essentiel. À travers des photos, produits locaux et des témoignages, ils illustrent l’importance de ces édifices dans la vie rurale vendéenne d’autrefois.


Terroir & gourmandise

Les repas locaux et gourmands permettent aux participants de savourer des mets locaux typiques : cochon grillé, mogettes, moules, sans oublier la seiche islaise, cuisinée la veille au dîner des festivités. Les tablées animées ont favorisé les échanges entre générations et conforté l’esprit de convivialité.


Une fête résiliente, entre passé et présent

Malgré quelques averses en après-midi, l’événement a une fois encore prouvé sa force d’attraction et sa capacité à rassembler autour des valeurs de transmission, de partage et de fierté locale. La météo n’a pas entamé l’énergie des organisateurs ni l’intérêt des visiteurs.

L’Île-d’Olonne n’a pas simplement célébré ses vieux métiers : elle les a faits revivre avec passion, sous un ciel changeant mais un esprit inchangé.

©Mélanie Duranteau - Présidente du Club des Acteurs Locaux en Mouvements de Vendée


Melanie DURANTEAU

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